Lectures Les Correspondances d’Eastman

Zénitude en Estrie

EASTMAN – Pour une 14année, les Correspondances d’Eastman drainent dans le village des Cantons-de-l’Est bien des amateurs de littérature pour quatre jours d’échanges et de découvertes. Mais plus qu’une rencontre d’intellectuels, ce festival littéraire, qui s’achève aujourd’hui, est un véritable mariage des mots et de la nature…

Ils sont amoureux de la lecture et de la nature. Venus avec leurs enfants, étonnamment silencieux et à l’écoute, les visiteurs sont concentrés, les yeux fermés, la tête penchée vers le sol ou tournée vers la poète et essayiste Louise Warren qui, au micro, égrène son texte. Un extrait de son essai La vie flottante : Une pensée de la création, lancé l’an dernier.

Les gens sont assis en demi-cercle sur des bûches que les organisateurs des Correspondances d’Eastman ont recouvertes de petits coussins carrés. Le vent court dans les feuillages qui dessinent sur le sol un paysage virevoltant. Ça tombe bien.

« Habiter le paysage » est le thème de la 14e édition de ce festival qui enchante année après année non seulement les amateurs de littérature, mais aussi les amoureux de rencontres et de découvertes en pleine nature.

Car c’est la magie de ce festival. Louise Warren nous berce ainsi avec ses mots au milieu d’un boisé aménagé par les propriétaires, Diane Tétreault et Philippe-Denis Richard. Un lieu enchanteur de sentiers baptisé Portage des mots où petits et grands peuvent découvrir des scènes de romans et de bandes dessinées.

POUR LES JEUNES AUSSI !

Les enfants et les adolescents sont bienvenus à ce festival. Hier, l’auteure Dominique de Loppinot est venue parler à des enfants de 5 à 10 ans de son conte, Le retrousse-pet, un album de BD paru chez Fonfon l’an dernier.

« J’ai cinq enfants, alors c’est une histoire inspirée de mon quotidien avec plein d’idées déjantées, absurdes et rigolotes, a-t-elle expliqué à La Presse. L’héroïne Juliette avait une mèche qui retroussait. On appelait cette mèche un retrousse-pet ! »

Dominique de Loppinot, qui lancera son 15e album cet automne, a ensuite animé un quiz sur les expressions de la langue française… sur les cheveux !

Nous avons aussi trouvé des adolescents à la Petite Autriche, un terrain privé qu’André Riedl adapte chaque année pour les Correspondances. Les écrivains en herbe peuvent s’installer sur des chaises éparpillées dans un champ et laisser voguer leur inspiration. La lettre ou le texte qu’ils composent peut même être envoyé gratuitement partout dans le monde grâce à une commandite de Postes Canada. Le coin est idyllique, vert, boisé, calme, et baigné par les eaux de la rivière Missisquoi.

De petits podiums en bois ont été installés avec parasol et chaises pour lire ou écrire tranquillement à côté des nénuphars et des fleurs des champs.

C’est là que nous avons rencontré Philippe Paquette, 15 ans, un maniaque de lecture, qui lisait le Da Vinci Code de Dan Brown, à l’ombre d’une épinette. Tout près, la harpiste Catherine Elvira Chartier jouait devant un public attentif assis sur des chaises ou dans l’herbe. Nous avons aussi croisé Marie Lapointe et Annie Desbiens, venues écrire, l’une sur une feuille de papier, l’autre sur son ordinateur portable. Et relaxer aussi.

Si vous passez aujourd’hui, André Riedl vous fera visiter sa petite cabane où il expose des coffres et des malles de voyage du XXsiècle – parfois recouvertes de témoins de croisières de rêve –, des objets qu’il collectionne et restaure.

KIM THÚY TRÈS POPULAIRE

Hier, l’auteure Kim Thúy est passée parler de son travail et faire connaître quelques produits alimentaires vietnamiens. La rencontre sur l’herbe a été fort courue, mais perturbée par la pluie. Les organisatrices ont rapidement trouvé un plan B en déplaçant l’événement à l’intérieur de la galerie d’art d’Eastman. Françoise Brunelle, de Montréal, était ravie de rencontrer Kim Thúy, qui a parlé de ses livres, de son écriture et de sa vie.

Les amateurs d’arts visuels peuvent aussi aller visiter l’exposition de tableaux à l’encaustique d’Alexandre Masino. L’artiste montréalais présente des monotypes de paysages montagneux intéressants. Nous avons bien aimé ses encaustiques sur livre dans lesquels il joue avec les empâtements ainsi qu’avec la morphologie tant du paysage que de l’ouvrage sur lequel il a peint.

Ce matin, les poètes Sébastien Dulude et Roseline Lambert organisent un atelier d’écriture intitulé Cordillère. Ils ont installé des machines à écrire qui n’attendent que vos textes ! Une belle idée pour lier les mots aux écrivains en herbe. Dans l’un des plus beaux écrins de l’Estrie. Comme le dit Louise Warren, « dans le paysage, la pensée respire ».

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